En 1992, l’association des Amis du Musée Granet et de l’Œuvre de Cezanne a fait don au musée, d’un carnet original de FM Granet
En novembre 1992, les Amis du Musée Granet ont servi de relais d’urgence en salle des ventes à Paris, en faisant l’avance complète des fonds nécessaires, pour acquérir une œuvre précieuse pour Aix et les collections du Musée Granet : le carnet (soigneusement relié) de 67 lavis ou dessins réalisés à Rome que Granet avait offert à son ami, le juriste aixois Joseph-Jérôme Siméon. Cet achat fut concrétisé grâce à des subventions de l’État, de la ville d’Aix, la participation d’un généreux mécène qui tient à garder l’anonymat et l’Association des Amis du Musée Granet.
Dans la continuité de cette acquisition est réalisée une édition d’un portfolio contenant les reproductions de dix-huit dessins de Rome et de ses environs extraits du Carnet. Cette publication met à la portée du public des images d’une œuvre destinée par sa fragilité à rester souvent cachée et à l’achat de laquelle l’Association a largement contribué dans un effort considérable.
François-Marius Granet, originaire d’Aix-en-Provence, côtoie à Paris Dominique Ingres et Jacques-Louis David, et vécut 22 ans à Rome de 1802 à 1824. Peintre et dessinateur néoclassique, conservateur au Musée du Louvre et directeur des galeries historiques du Château de Versailles, il a légué au musée Granet, le contenu de son atelier, un riche fonds de peintures et de dessins, et ses collections d’art hollandais et italien du XVIIe siècle.
Carnet original de vues de Rome adressé à Siméon (Photo©Aamg)
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Pour mieux appréhender l’intérêt de cet achat, ci-dessous le propos de Denis Coutagne
Portfolio comprenant les 18 reproductions (Photo©Aamg)
« Qui était Siméon à qui Granet dédicace l’album acquit par le Musée Granet grâce au concours des amis du Musée Granet ?
Joseph-Balthazar Siméon était né à Aix en 1781 d’une famille de juriste (son père, professeur de droit à Aix devient même ministre de l’Intérieur en 1820-1821). L’ami de Granet, bénéficiaire de l’album qui nous concerne, fit une carrière administrative et diplomatique qui le conduisit à Florence en 1801, puis Rome qu’il quitta en 1806. On le trouve en poste tour à tour à Stuttgart, Berlin, Francfort, Darmstadt, Dresde avant son retour en France d’abord comme préfet du Var (Juillet 181 5), maître des requêtes au Conseil d’Etat ct enfin directeur des Beaux -Arts au ministère de l’Intérieur. Et c’est de Stuttgart qu’il écrit à Granet une lettre ou il est fait explicitement allusion au carnet dont nous publions quelques vues : “Vous me dites que vous avez fait un livre de vues de Rome et que vous me le destinez. Je n’accepterai que si vous ne trouvez pas à vous en défaire avantageusement.. (Lettre du 28 Jilin 1808) Et Siméon de demander un album spécifique contenant le dessin des tableaux de Granet. Une autre référence est faite à ce carnet,semblet-il. Il s’agit d’une lettre (encore de Siméon à Granet) en date du 21 Mars 1813 Envoyez-moi donc de temps en temps de petites vues, de petits dessins de vos tableaux afin que je forme un second volume au premier que vous m’avez rempli à Rome el que je Irouve tant de plaisir à feuilleter”. et Siméon à qui Granet doit de l’argent demande poliment à son débiteur un tableau à l’huile pour faire pendant à celui qu’il possède déjà ! (Nous devons les indications touchant Siméon à Isabelle Néto-Daguerre, “Correspondance de François-Marius Granet”, thèse pour le Doctorat d’Histoire de I art, 1991).
Siméon paraît avoir reproduit certaines vues de Rome à l’eau-forte car il aimait dessiner. A nous d’user d’un autre procédé pour faire partager aux amateurs notre passion pour ces “vues de Rome” si révélatrices des goûts de Granet. Elles n’en sont pas moins un document important pour notre connaissance de Rome : on remarquera par exemple que les clochetons font défaut sur la Trinité des Monts. Ce n’est pas un oubli de Granet qui aurait laissé un dessin inachevé, c’est la confirmation d’une restauration touchant l’édifice. On savait que ces travaux avaient eu lieu. On en ignorait la date. Le document prend valeur historique ! Et ce n’est là qu’un exemple ! Nous pourrions multiplier les analyses… En effet l’album Siméon maintenant conservé au Musée Granet rassemble 67 lavis ou dessins à la plume concernant Rome ou Tivoli. Granet a certainement reproduit en atelier l’une ou l’autre des œuvres réalisées sur le motif. En effet plusieurs des images du Carnet Siméon ont leur équivalent dans les collections du Musée Granet ou du Cabinet des dessins du Louvre. On imagine volontiers notre peintre faire un choix judicieux pour réserver à son ami un choix équilibré : la variété des lieux reproduits (les uns célèbres, les autres plus secrets), la multiplicité des techniques employées (lavis de brun, encre de chine, dessin à la plume…) démontrent la liberté adoptée par Granet.
Que les quelques planches ici retenues dans le cadre de cette édition soient un prolongement à l’entreprise même de Siméon…»
Denis Coutagne, conservateur en chef du patrimoine français,
Ci-contre, dessin qui illustre le commentaire de Denis Coutagne
Trinité du Mont 12.2 x 10.8 cm, (Photo©Aamg)
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